Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/50

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quer pour parer à l’éventualité du moment. Tant que l’œuvre du congrès de Vienne était debout nous étions tenus de la respecter ; tant que le roi des Pays-Bas était maître chez lui et mettait ses sujets belges à la raison, nous étions tenus de le laisser faire. Mais, si l’œuvre du congrès de Vienne venait à tomber sur elle-même, — si la séparation entre la Hollande et la Belgique venait à s’opérer par force intrinsèque, — et si le roi des Pays-Bas appelait un tiers à son aide pour reformer l’union, — rien, selon nous, n’interdisait à la Belgique d’en faire autant, en sens inverse ; coup pour coup, intervention pour intervention, rien ne nous obligeait à rester les bras croisés, en laissant se rétablir, sous nos yeux, par des tiers, un ordre de choses qui menaçait notre indépendance et notre sécurité.

Je ne dis pas que l’argumentation fût irréprochable ni que la parité entre les cas allégués fût rigoureuse. Je ne dis pas que les signataires de l’acte de Vienne n’eussent rien à voir à la destruction de leur œuvre ; mais encore pour cela fallait-il qu’ils se missent d’accord au préalable, et qu’ils agissent de concert. Or cela nous donnait du temps et le temps était tout pour nous.