Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/88

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un mélange d’élévation dans les idées et d’autorité dans le langage qui préludaient dignement au rôle qui lui était réservé et au poste qu’il devait bientôt occuper.

L’assentiment fut universel. C’était un vrai succès, un succès de bon aloi ; mais ce fut un succès qui prépara et précipita notre chute, en rendant plus vive et plus difficile à ménager la rivalité entre M. Perier et M. Laffitte.

Cette rivalité datait de loin, elle remontait aux meilleurs jours de la Restauration.

Tous deux banquiers, tous deux riches et magnifiques, tous deux libéraux et populaires, ils avaient pris une part à peu près égale aux luttes des partis, et une part à peu prés égale à la révolution. La première réunion des députés s’était tenue chez M. Perier ; la plupart des réunions subséquentes chez M. Laffitte. M. Perier avait été le membre principal de la commission municipale, M. Laffitte le plus enclin à pousser la révolution jusqu’au bout. Quand la Chambre des députés, réunie en nombre suffisant, en vint à se constituer, les suffrages pour la présidence s’étaient partagés entre l’un et l’autre : M. Perier l’avait emporté de quelques voix ; plus tard, M. Perier pensant,