Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/90

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querait, et chacun des membres qui la composaient, perdant à peu près son caractère, perdait en même temps son autorité ; tout s’en irait à la dérive jusqu’au moment où tous seraient également entraînés par la marée montante d’une nouvelle révolution.

Je résolus, à part moi, de ne m’y prêter à aucun prix, et de préférer, le cas échéant, de livrer le pouvoir au parti du mouvement, sauf à le combattre de front et à visage découvert. Mais nous n’en fûmes pas là tout de suite. L’équilibre continua, sinon à se maintenir, du moins, à se traîner péniblement durant la première quinzaine d’octobre.

La Chambre des députés, dépeuplée par les démissions et les retraites à petit bruit, menacée dans son autorité, voire même dans son existence soit du dehors, soit dans son propre sein, demandait à grands cris des élections nouvelles qui lui rendissent un peu de courage et lui remissent un peu de sang nouveau dans les veines ; en attendant, elle demandait un peu de répit, chacun avait laissé son chez soi brusquement et voulait donner un coup d’œil aux affaires de sa famille et de son ménage.

Pour donner quelque satisfaction à cet entraîne-