Page:Brongniart - Plans du Palais de la Bourse de Paris et du cimetière Mont-Louis.djvu/25

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avantages d’autres qualités personnelles plus importantes encore, mais qui, n’ayant aucun rapport direct avec l’architecture, ne peuvent être mentionnées ici, on sentira qu’il a dû jouir d’autant de bonheur qu’il est donné d’en avoir ; et comme, sans aucun doute, c’est aux conditions moyennes dans tous les genres qu’est dévolue la plus forte somme de bonheur, on peut croire qu’il l’a possédée ; car s’il n’a pas eu de ces vives jouissances de l’amour-propre que procurent l’élévation aux grandes places ou des succès éclatants, il n’a pas non plus éprouvé ces amères critiques, ces tracasseries importunes et décourageantes qui font cruellement payer les instants d’un bonheur trop exalté. On pouvoit cependant espérer que le jour où le Palais de la Bourse auroit été achevé, et où l’inauguration en auroit été faite, M. Brongniart jouiroit d’un de ces hommages flatteurs que les arts procurent quelquefois à ceux qui les cultivent, et qu’il en jouiroit d’autant plus purement, que son âge, alors très-avancé, en ne donnant aucune prise à l’envie, adouciroit la critique ; car un architecte de près de quatre-vingts ans inspire quelque respect, et ne donne plus aucune crainte à ses rivaux. Ce n’est pas que M. Brongniart indiquât les moindres signes d’affaiblissement d’esprit ; il avoit, à près de soixante-quinze ans, toute la jeunesse de caractère, toute la force de tête, tout l’ordre dans les idées, toute l’activité d’esprit dont il jouissoit à quarante-cinq ans ; et, ce qui arrive encore plus rarement, il avoit continué de se perfectionner dans son art, il en avoit suivi tous les progrès ; on peut dire, sans craindre la moindre contradiction, que ses ouvrages les plus récents ont toujours été les meilleurs. Quelle plus forte preuve de cette justesse d’esprit que nous lui avons reconnue, de cette qualité solide qui, comme tout ce qui est solide, ne s’altère pas !

Mais si on n’a pu faire goûter à sa personne ces témoignages flatteurs de considération, qui lui sembloient destinés lors de l’achèvement de la Bourse, on s’est empressé de les rendre à sa mémoire, en accordant à ses restes mortels toutes les honorables distinctions qui semblent être attachées à la profession d’architecte.

Si, comme ceux de Bruneleschi, de Soufflot, etc., les restes de M. Brongniart n’ont pu être placés dans le plus remarquable des monuments qu’il a fait construire, parce que sa destination et nos usages actuels s’y opposent, ses élèves, ses amis, la direction des travaux publics, l’administration du département même, y ont suppléé par tous les moyens qui étoient en leur pouvoir, en donnant à sa mémoire les marques les plus distinguées du cas qu’ils faisoient de ses talents et de l’estime qu’ils portoient à sa personne.