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Page:Brontë - Jane Eyre, I.djvu/9

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II
AVERTISSEMENT

contraire ; mais au-dessus plane toujours le respect de la dignité humaine, le culte des principes éternels. L’instinct quelquefois s’exalte et s’emporte, mais la volonté est bientôt là qui domine et le dompte. La difficulté de la lutte ne nous est pas voilée ; mais la possibilité, l’honneur de la victoire, éclate toujours. C’est ainsi que ce livre, en nous montrant la vie telle qu’elle est, telle qu’elle doit être, robuste, militante, glorieuse en fin de compte, nous élève et nous fortifie.

La vigueur des caractères, des tableaux, des pensées même, a fait d’abord attribuer Jane Eyre à l’inspiration d’un homme, tandis que la finesse de l’analyse, la vivacité des sensations, semblaient trahir un esprit plus subtil, un cœur plus impressionnable. De longs débats se sont engagés à ce sujet entre les curiosités excitées. Aujourd’hui que le pseudonyme de Currer Bell a été soulevé, que l’on sait que cette plume si virile est tenue par la main d’une jeune fille, l’étonnement vient se mêler à l’admiration.

Quant à la traduction, nous l’avons faite avec bonne foi et simplicité. Souvent le tour d’une phrase pourrait être plus conforme au génie de notre langue, des équivalents auraient avantageusement remplacé certaines expressions un peu étranges pour notre oreille ; mais nous y aurions perdu, d’un autre côté, une saveur originale, un parfum étranger, qui nous a semblé devoir être conservé. Nous voudrions que l’auteur, qui a eu confiance dans notre tentative, n’eût pas lieu de le regretter.


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