Page:Brontë - Le Professeur.djvu/162

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Cette singulière question excita un second sourire.

« Je m’applique et j’apprends bien mes leçons, répondit-elle.

— C’est ce que ferait un enfant.

— Que puis-je faire de plus ?

— Peu de chose, il est vrai ; mais vous-même, n’avez-vous pas des élèves ?

— Oui, monsieur.

— Vous leur montrez, je crois, à raccommoder la dentelle ?

— Oui.

— Une sotte occupation ; vous plairait-elle, par hasard ?

— Non, c’est ennuyeux.

— Pourquoi n’enseignez-vous pas plutôt la grammaire, l’histoire, la géographie ou l’arithmétique ?

— Vous supposez, monsieur, que je possède moi-même les connaissances dont vous parlez.

— Je n’en sais rien ; mais à votre âge ce serait tout naturel.

— Je n’ai jamais été en pension, et j’ai appris bien peu de chose.

— Vraiment ! votre tante est fort coupable.

— Oh ! non ; elle est bien bonne, au contraire : elle fait pour moi tout ce qu’elle peut ; elle me loge et me nourrit, quoiqu’elle ne soit pas riche ; elle n’a que douze cents francs de rente ; il lui était impossible de me donner de l’instruction.

— Assurément, » dis-je en moi-même. Toutefois, je poursuivis du ton dogmatique que j’avais adopté : « Il n’en est pas moins fâcheux qu’on vous ait élevée dans l’ignorance des choses les plus élémentaires. Si vous saviez l’orthographe, un peu d’histoire et de géographie, vous auriez pu abandonner votre métier de