Page:Brontë - Le Professeur.djvu/273

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parce qu’au fond elle était du même avis que son contradicteur, dont elle ne combattait les arguments que par esprit d’opposition.

Elle se rendit à la fin, en disant qu’elle partageait l’opinion de son adversaire, mais en lui faisant remarquer toutefois qu’elle ne se tenait pas pour battue.

« Absolument comme les Français à Waterloo, dit Hunsden.

— Les deux cas ne sauraient être comparés, s’écria Frances ; vous saviez bien que je ne me défendais pas sérieusement.

— Sérieusement ou non, vous n’en êtes pas moins vaincue.

— Nullement. Alors même que ma pauvreté de langage et mon défaut de logique sembleraient vous assurer la victoire, je n’en resterais pas moins attachée à mon opinion, si elle différait de la vôtre, et je vous échapperais par le silence. Vous parlez de Waterloo ; mais, suivant Napoléon, Wellington aurait dû être battu ; s’il fut vainqueur, c’est parce qu’il continua la bataille au mépris des lois de la guerre. Je ferais comme Wellington, et je resterais maîtresse de la position, en dépit de votre habileté.

— Ce n’était qu’un âne que Wellington.

— Comment prenez-vous cela ? » demanda-t-elle en se tournant de mon côté.

Je lui répondis par un sourire, et voyant poindre un nouveau sujet de discussion entre les deux adversaires : « Il est temps de se séparer, » ajoutai-je.

Hunsden se leva immédiatement : « Adieu, dit-il à Frances ; je partirai demain matin pour cette glorieuse Angleterre, et je ne reviendrai pas à Bruxelles avant un an ou deux. Dans tous les cas, vous aurez ma visite, et vous verrez si je n’ai pas trouvé le moyen de vous rendre encore plus féroce qu’aujourd’hui. Ce soir, vous