Page:Brontë - Le Professeur.djvu/302

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que tout est prêt pour le thé ; voyant que je continue d’écrire, elle entre dans la bibliothèque ; elle vient tout doucement auprès de moi, pose sa main sur mon épaule, et me reproche mon trop d’application au travail : je lui réponds que je vais avoir bientôt fini. Elle prend une chaise, et s’assied-à côté, de moi. Sa présence a pour mon âme autant de charme que les rayons du couchant, le parfum- des fleurs et le calme de cette belle soirée, en ont pour mes sens.

Mais voilà Hunsden qui arrive à son tour ; il se penche par la fenêtre dont il écarte brusquement le chèvrefeuille, troublant ; dans sa vivacité, un papillon et deux abeilles.

« Crimsworth ! William Crimsworth ! dit-il ; prenez-lui la plume des mains, mistress, et faites-lui relever la tête.

— Qu’est-ce qu’il y a, Hunsden ? je vous écoute…

— Je suis allé hier à la ville ; votre frère a spéculé sur les chemins de fer ; il est maintenant plus riche que Crésus ; on ne le connaît plus à Piece-Hall que sous le nom de Cerf-dix-Cors. J’ai aussi des nouvelles de Brown ; M. et Mme Vandenhuten parlent de venir vous voir le mois prochain, en compagnie de Jean-Baptiste. Quant aux Pelet, dont il me touche un mot, il me fait entendre que leur harmonie domestique est loin d’être excellente, mais que leurs affaires vont on ne peut mieux, circonstance qui les dédommage amplement des traverses qu’ils peuvent avoir du côté des sentiments. Invitez-les donc à venir passer les vacances chez vous, Crimsworth ! j’aurais tant de plaisir à voir Zoraïde, l’objet de vos premières amours ! Ne soyez pas jalouse, mistress ; mais il a été fou de cette dame ; je suis sûr du fait. Brown me dit qu’elle pèse actuellement cent soixante et quelques livres ; vous voyez combien vous avez perdu, malheureux professeur ! Mainte-