Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/100

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— Quittez cette chambre, Hélène ! répéta-t-elle en tremblant des pieds à la tête.

Le petit Hareton, qui me suivait toujours partout et était assis par terre près de moi, se mit à pleurer lui-même en voyant mes larmes et se répandit en plaintes contre la « méchante tante Cathy », ce qui attira la fureur de celle-ci sur le malheureux enfant. Elle le saisit par les épaules et le secoua tellement fort que le pauvre petit devint livide et qu’Edgar, instinctivement, s’empara des mains de la jeune fille pour le délivrer. En un clin d’œil l’une des mains fut dégagée et le jeune homme stupéfait se la sentit appliquer sur la joue d’une manière qui excluait toute idée de plaisanterie. Il recula consterné. Je pris Hareton dans mes bras et passai avec lui dans la cuisine, laissant ouverte la porte de communication, car j’étais curieuse de voir comment ils régleraient leur querelle. Le visiteur offensé, pâle et les lèvres tremblantes, se dirigea vers l’endroit où il avait posé son chapeau.

« Voilà qui est bien », me dis-je. « Tenez-vous pour averti, et partez. C’est fort aimable à elle de vous donner un aperçu de son véritable caractère. »

— Où allez-vous ? demanda Catherine en s’avançant vers la porte.

Il fit un détour et essaya de passer.

— Vous ne vous en irez pas ! s’écria-t-elle avec énergie.

— Il faut que je parte et je partirai ! répliqua-t-il d’une voix faible.

— Non, dit-elle avec obstination, en saisissant le bouton de la porte. Pas encore, Edgar Linton. Asseyez-vous ; vous ne pouvez pas me quitter quand je suis dans un pareil état. Je serais malheureuse toute la nuit et je ne veux pas être malheureuse à cause de vous.