Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/179

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Vous connaissiez la nature de votre maîtresse et vous m’avez encouragé à l’exaspérer. Et ne pas m’avoir laissé soupçonner l’état où elle se trouvait depuis trois jours ! Quel manque de cœur ! Des mois de maladie ne pourraient produire un tel changement !

Je commençai à me défendre, jugeant trop dur d’être blâmée pour l’entêtement pervers d’une autre.

— Je savais que la nature de Mrs Linton était obstinée et impérieuse, m’écriai-je, mais je ne savais pas que vous vouliez encourager son caractère violent. Je ne savais pas que, pour lui faire plaisir, je devais fermer les yeux quand Mr Heathcliff venait. J’ai rempli le devoir d’une fidèle servante en vous avertissant, et voilà ce qu’une fidèle servante reçoit comme gages ! Soit, cela m’apprendra à me méfier la prochaine fois. La prochaine fois, vous pourrez vous procurer vos informations vous-même !

— La prochaine fois que vous me ferez des contes, vous quitterez mon service, Hélène Dean.

— Vous préféreriez n’en rien savoir, sans doute, Mr Linton ? Vous autorisez Heathcliff à venir faire la cour à Miss et à profiter de chaque occasion que peuvent offrir vos absences pour empoisonner contre vous l’esprit de ma maîtresse ?

Si troublée que fût Catherine, sa pensée était assez alerte pour saisir notre conversation.

— Ah ! Nelly m’a trahie ! s’écria-t-elle avec passion. Nelly est mon ennemie cachée. Sorcière que vous êtes ! Ainsi vous cherchez des flèches de fées pour nous blesser ! Lâchez-moi, je vais l’en faire repentir ! Je lui ferai hurler sa rétractation.

Une rage de folle brillait dans ses yeux. Elle se débattait désespérément pour se dégager des bras de Linton. Je n’avais pas envie d’attendre la suite et, me décidant