Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Nelly Dean, dit-il, je ne puis m’empêcher de penser qu’il y a là une cause qui m’échappe. Que s’est-il passé à la Grange ? De singulières rumeurs ont couru par ici. Une fille forte et courageuse comme Catherine ne tombe pas malade à propos de rien ; non, cela n’arrive pas à des personnes comme elle. Il faut quelque chose de sérieux pour déterminer, dans ces organisations-là, des fièvres ou d’autres manifestations semblables. Comment cela a-t-il commencé ?

— Le maître vous mettra au courant. Mais vous connaissez le tempérament violent des Earnshaw, et Mrs Linton le possède au plus haut point. Ce que je puis dire, c’est que cela a débuté par une querelle. Elle a été frappée d’une sorte d’attaque au cours d’un accès de colère. C’est ce qu’elle raconte, du moins ; car elle s’est enfuie au plus fort de cet accès et s’est enfermée. Ensuite, elle a refusé de manger et maintenant elle est alternativement dans le délire ou dans un demi-rêve. Elle reconnaît les gens qui l’entourent, mais elle a l’esprit plein d’idées étranges et d’illusions.

— Mr Linton va être bien affecté ? observa Kenneth sur un ton interrogateur.

— Affecté ? Son cœur se briserait s’il arrivait quelque chose ! Ne l’alarmez pas plus qu’il n’est nécessaire.

— Bon, je lui avais dit de prendre garde. Il a négligé mes avertissements, il faut bien qu’il en subisse les conséquences. N’a-t-il pas été intime avec Mr Heathcliff depuis quelque temps ?

— Heathcliff fait de fréquentes visites à la Grange, mais bien plutôt en s’autorisant de ce que la maîtresse l’a connu lorsqu’il était enfant qu’à cause du goût que pourrait avoir le maître pour sa société. À présent, il est dispensé de prendre la peine de venir, en raison de certaines aspirations présomptueuses qu’il a manifestées