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Chapitre XVIII


Les douze années qui suivirent cette lugubre période, continua Mrs Dean, furent les plus heureuses de ma vie. Mes plus grands soucis, durant ce laps de temps, furent causés par les légères indispositions que notre petite Catherine dut subir comme tous les enfants, riches ou pauvres. Du reste, après les six premiers mois, elle poussa comme un jeune mélèze, et commença de marcher et de parler à sa manière avant que la bruyère eût fleuri pour la seconde fois sur la tombe de Mrs Linton. C’était la créature la plus séduisante qui eût jamais apporté un rayon de soleil dans une maison désolée : une réelle beauté de figure, avec les beaux yeux noirs des Earnshaw, mais le teint clair, les traits délicats, les cheveux dorés et bouclés des Linton. Son humeur était vive, mais sans rudesse, et tempérée par un cœur sensible et ardent à l’excès dans ses affections. Cette aptitude à se donner tout entière me rappelait sa mère. Elle ne lui ressemblait pourtant pas, car elle savait être douce comme une colombe, elle avait une voix caressante et une expression pensive ; sa colère n’était jamais furieuse, son amour jamais violent, mais profond et tendre. Néanmoins, il faut le reconnaître, elle avait des défauts qui gâtaient ses dons : une tendance à être impertinente, par