Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/274

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Mais tout cela ne fait pas avancer mon histoire. Miss Cathy repoussa l’offre de paix du terrier et réclama ses chiens à elle, Charlie et Phénix. Ils arrivèrent en boitant, la tête basse, et nous nous mîmes en route pour la maison, de fort méchante humeur l’une et l’autre. Je n’arrivais pas à faire dire à ma jeune maîtresse comment elle avait passé sa journée. Je sus seulement que le but de son pèlerinage avait été, comme je le supposais, les rochers de Penistone. Elle était parvenue sans aventure à la barrière de la ferme, quand Hareton vint à sortir avec quelques compagnons de la race canine, qui attaquèrent la suite de Cathy. Il y eut entre les uns et les autres une chaude bataille avant que leurs maîtres pussent les séparer : cela servit de présentation. Catherine dit à Hareton qui elle était et où elle allait ; elle le pria de lui indiquer son chemin ; finalement elle l’ensorcela si bien qu’il l’accompagna. Il lui révéla les mystères de la grotte des Fées et de vingt autres endroits curieux. Mais, comme j’étais en disgrâce, je ne fus pas favorisée d’une description de toutes les choses qu’elle avait vues. Je pus deviner, cependant, qu’elle avait regardé son guide d’un œil favorable jusqu’au moment où elle avait blessé ses sentiments en s’adressant à lui comme à un domestique, et où la femme de charge avait blessé les siens en appelant Hareton son cousin. Le langage qu’il avait alors tenu lui était resté sur le cœur. Elle qui était toujours « mon amour », « ma chérie », « ma petite reine », « mon ange », pour tout le monde à la Grange, se voir si outrageusement insultée par un étranger ! Elle n’y comprenait rien ; et j’eus beaucoup de mal à obtenir d’elle la promesse qu’elle n’exposerait pas ses griefs à son père. Je lui expliquai qu’il était très prévenu contre tous les habitants des Hauts et