Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/304

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Le sien avait des qualités de premier ordre, elles sont perdues ; je les ai rendues plus qu’inutiles, funestes. Moi, je n’ai rien à regretter ; lui, il aurait à regretter plus que qui que ce soit. Et le plus beau est que Hareton m’est attaché en diable ! Vous conviendrez qu’ici j’ai surpassé Hindley. Si ce défunt drôle pouvait sortir de sa tombe pour me reprocher mes torts envers sa progéniture, j’aurais l’amusement de voir la dite progéniture le repousser et s’indigner qu’il ose médire du seul ami qu’elle ait au monde !

Heathcliff laissa échapper un rire de démon à cette idée. Je ne fis aucune réponse, car je voyais qu’il n’en attendait pas. Cependant notre jeune compagnon, qui était assis trop loin de nous pour pouvoir entendre ce que nous disions, commençait à manifester quelques symptômes d’embarras ; il se repentait sans doute de s’être privé lui-même du plaisir de la société de Catherine par crainte d’une légère fatigue. Son père remarqua les regards inquiets qu’il lançait vers la fenêtre et sa main hésitante tendue vers sa casquette.

— Debout, paresseux ! s’écria-t-il avec un enjouement affecté. Cours après eux ! Ils sont juste au tournant, près des ruches.

Linton rassembla ses forces et quitta le coin du feu. La fenêtre était ouverte, et au moment qu’il sortait, j’entendis Catherine qui demandait à son peu sociable compagnon ce que signifiait l’inscription au-dessus de la porte. Hareton regarda en l’air et se gratta la tête comme un vrai bouffon.

— C’est quelque maudite écriture, répondit-il. Je ne peux pas la lire.

— Vous ne pouvez pas la lire ? s’écria Catherine. Je peux la lire, moi ; c’est de l’anglais. Mais je voudrais savoir pourquoi elle est là.