Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/326

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appeler ? Il n’y a plus que quelques cendres rouges. Joseph ! venez sur-le-champ !

De vigoureuses bouffées de sa pipe et un regard résolu vers la grille du foyer indiquèrent qu’il refusait de prêter l’oreille à cet appel. La femme de charge et Hareton étaient invisibles : l’une partie pour faire une course, et l’autre à son travail, sans doute. Nous avions reconnu la voix de Linton et nous entrâmes.

— Oh ! je souhaite que vous périssiez de froid dans un galetas ! dit le jeune homme, croyant que c’était son négligent serviteur qui arrivait.

Il s’arrêta en s’apercevant de son erreur. Sa cousine courut à lui.

— Est-ce vous, Miss Linton ? dit-il en soulevant sa tête du bras du grand fauteuil dans lequel il était allongé. Non… ne m’embrassez pas : cela me coupe la respiration. Mon Dieu ! Papa m’avait dit que vous viendriez, poursuivit-il après s’être un peu remis de l’embrassade de Catherine, qui restait debout d’un air fort contrit. Voudriez-vous fermer la porte, s’il vous plaît ? Vous l’avez laissée ouverte et ces… ces détestables créatures ne veulent pas venir mettre de charbon dans le feu. Il fait si froid.

Je remuai les escarbilles et allai chercher moi-même un seau de charbon. L’invalide se plaignit d’être couvert de cendres ; mais, comme il avait une toux pénible, qu’il paraissait fiévreux et malade, je ne me formalisai pas de son humeur.

— Eh bien ! Linton, murmura Catherine quand il eut fini par dérider son front, êtes-vous content de me voir ? Puis-je quelque chose pour vous ?

— Pourquoi n’êtes-vous pas venue plus tôt ? demanda-t-il. Vous auriez dû venir au lieu d’écrire. Cela me fatiguait terriblement d’écrire ces longues lettres. J’