Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/328

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insignifiant ; il disait que vous me méprisiez et que, s’il eût été à ma place, il serait déjà le maître à la Grange, plus que ne l’est votre père. Mais vous ne me méprisez pas, n’est-ce pas, Miss… ?

— Il faut m’appeler Catherine ou Cathy, interrompit ma jeune maîtresse. Vous mépriser ? Non ! Après papa et Hélène, je vous aime plus que personne. Je n’aime pas Mr Heathcliff, par exemple ; je n’oserai pas venir quand il sera de retour. Restera-t-il parti plusieurs jours ?

— Pas très longtemps. Mais il va souvent dans la lande, depuis que la saison de la chasse a commencé ; vous pourriez passer une heure ou deux avec moi en son absence. Dites-moi que vous viendrez. Il me semble que je ne serais pas grognon avec vous ; vous ne m’irriteriez pas et vous seriez toujours prête à m’assister, n’est-il pas vrai ?

— Oui, répondit Catherine en caressant ses longs cheveux soyeux. Si je pouvais seulement obtenir le consentement de papa, je passerais la moitié de mon temps avec vous. Gentil Linton ! je voudrais que vous fussiez mon frère.

— Et vous m’aimeriez alors autant que votre père, observa-t-il plus gaiement. Mais papa dit que vous m’aimeriez plus que votre père et que tout au monde si vous étiez ma femme ; aussi est-ce ce que je préférerais que vous fussiez.

— Non, je n’aimerai jamais personne plus que papa, répondit-elle gravement. Puis il y a des gens qui détestent leur femme, quelquefois ; mais jamais leurs sœurs ni leurs frères ; et, si vous étiez mon frère, vous vivriez avec nous et papa aurait autant d’affection pour vous qu’il en a pour moi.

Linton nia qu’il y eût des gens qui détestassent leur femme ;