Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/331

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à étrangler avec cette toux. Si elle vous tenait, vous verriez ce que c’est ; mais vous dormirez tranquillement pendant que je souffrirai le martyre, et sans personne près de moi. Je voudrais savoir ce que vous diriez d’avoir à subir ces effroyables nuits !

Il se mit à gémir tout haut en s’apitoyant sur son propre sort.

— Puisque vous avez l’habitude de passer des nuits terribles, dis-je, ce n’est pas Miss qui aura troublé votre tranquillité ; c’eût été la même chose si elle ne fût pas venue. Quoi qu’il en soit, elle ne vous dérangera plus ; et vous vous calmerez peut-être quand nous vous aurons quitté.

— Faut-il que je m’en aille ? demanda Catherine tristement en se penchant vers lui. Voulez-vous que je m’en aille, Linton ?

— Vous ne pouvez pas remédier à ce que vous avez fait, répondit-il avec humeur, en se reculant ; vous ne pouvez que l’aggraver en m’irritant jusqu’à ce que j’aie la fièvre.

— Alors il faut que je m’en aille ? répéta-t-elle.

— Laissez-moi tranquille, au moins. Je ne puis pas supporter le bruit de vos paroles.

Elle hésitait et résista longtemps à mes efforts pour la décider à partir ; mais, comme il ne levait pas la tête et, ne parlait pas, elle finit par faire un mouvement vers la porte et je la suivis. Un cri nous rappela. Linton avait glissé de son siège sur la pierre du foyer et restait là à se débattre, par pure perversité d’enfant qui se complaît dans son mal et qui a résolu d’être aussi insupportable et odieux que possible. Sa conduite ne laissait pas de doute sur ses intentions, et je vis aussitôt que ce serait folie de vouloir essayer de le satisfaire. Mais ma compagne ne pensait pas de même ; elle revint en courant,