Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/335

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vous n’ayez aucune chance de l’avoir pour époux, Miss Catherine.

Ma compagne devint sérieuse en entendant ce discours. Parler de la mort de Linton avec autant d’insouciance blessait ses sentiments.

— Il est plus jeune que moi, reprit-elle après une méditation prolongée, et il devrait vivre plus longtemps. Il vivra… il faut qu’il vive aussi longtemps que moi. Il se porte maintenant aussi bien que quand il est arrivé dans le nord ; j’en suis certaine. Ce n’est qu’un rhume qui le fait souffrir, un rhume comme celui de papa. Vous dites que papa guérira, et pourquoi pas lui ?

— Bon, bon ! Après tout, il est inutile de nous préoccuper de tout cela. Car, écoutez, Miss — et prenez garde, je tiendrai parole — si vous essayez de retourner à Hurle-Vent avec ou sans moi, j’avertirai Mr Linton. Sans sa permission, votre intimité avec votre cousin ne doit pas être renouée.

— Elle a été renouée, murmura Cathy d’un air boudeur.

— Ne doit pas continuer, alors.

— Nous verrons, répondit-elle.

Et elle partit au galop, me laissant peiner en arrière.

Nous arrivâmes l’une après l’autre à la maison avant l’heure du dîner. Mon maître, supposant que nous avions fait une excursion dans le parc, ne demanda aucune explication au sujet de notre absence. Dès que je fus rentrée, je me hâtai de changer de souliers et de bas ; ceux que j’avais étaient trempés. Mais cette station prolongée à Hurle-Vent avait été mauvaise pour moi. Le lendemain matin j’étais alitée et, pendant trois semaines, je fus dans l’impossibilité de vaquer à mes occupations, infortune que je n’avais encore