Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/348

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se rétablissait gentiment », et me conduisit dans une petite pièce propre, avec un tapis où, à mon inexprimable joie, j’aperçus Linton couché sur un petit sofa, et occupé à lire un de mes livres. Mais il ne voulut ni me parler ni me regarder pendant une heure entière, Hélène : il a un si malheureux caractère ! Et ce qui me confondit tout à fait, c’est que, quand il ouvrit la bouche, ce fut pour proférer un mensonge : c’était moi, paraît-il, qui étais cause de toute l’affaire et Hareton ne méritait aucun blâme ! Incapable de répliquer autrement qu’avec indignation, je me levai et quittai la chambre. Il me lança un faible « Catherine ! » Il ne s’attendait pas que je lui répondisse de la sorte ; mais je ne voulus pas me retourner. Le lendemain, pour la seconde fois, je restai à la maison, presque résolue à ne plus lui rendre visite. Pourtant, c’était si triste de me coucher, de me lever, sans jamais avoir de ses nouvelles, que ma résolution s’évanouit avant d’être bien formée. J’avais eu le sentiment que c’était mal d’avoir commencé d’y aller ; j’avais maintenant le sentiment que ce serait mal de n’y plus aller. Michel vint me demander s’il devait seller Minny ; je lui répondis que oui, et je considérais que je remplissais un devoir pendant que la bête m’emportait sur les hauteurs. Je fus forcée de passer devant les fenêtres de la façade pour arriver dans la cour : il était inutile d’essayer de dissimuler ma présence.

— Le jeune maître est dans la salle, me dit Zillah en me voyant me diriger vers le petit salon.

J’entrai. Earnshaw aussi était là, mais il sortit aussitôt. Linton était dans le grand fauteuil, à moitié endormi. Je m’approchai du feu et commençai d’un ton sérieux, avec la conviction que ce que je disais était en partie vrai :