Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/356

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crois qu’une entrevue vous convaincrait que je n’ai pas le caractère de mon père. Il affirme que je suis plus votre neveu que son fils. Bien que j’ai des défauts qui me rendent indigne de Catherine, elle les excuse et, pour l’amour d’elle, vous devriez les excuser aussi. Vous me demandez des nouvelles de ma santé ; elle est meilleure. Mais tant que je resterai privé de tout espoir et condamné à la solitude, ou à la société de ceux qui ne m’ont jamais aimé et ne m’aimeront jamais, comment pourrais-je être gai ou bien portant ? »

Quelque intérêt qu’il portât à son neveu, Edgar ne put consentir à lui accorder sa requête, parce que lui-même n’était pas en état d’accompagner Catherine Il répondit qu’en été, peut-être, ils pourraient se rencontrer ; en attendant, il souhaitait que Linton continuât d’écrire de temps en temps et il s’engageait à lui donner par lettre tous les conseils et tous les encouragements possibles, car il savait combien sa position dans sa famille était pénible. Linton acquiesça à ce désir. S’il eût été livré à lui-même, il aurait probablement tout gâté en remplissant ses lettres de plaintes et de récriminations. Mais son père le surveillait de près et, bien entendu, exigeait que chaque ligne qu’envoyait mon maître lui fût montrée. De sorte que Linton, au lieu de dépeindre ses souffrances et ses misères personnelles, thèmes qui absorbaient constamment ses pensées, revenait toujours sur la cruelle obligation où il était tenu de rester séparé de l’objet de son amitié et de son amour. Il insinuait doucement que, si Mr Linton n’autorisait pas bientôt une rencontre, il se croirait systématiquement leurré par des promesses sans consistance.

Il avait en Catherine une puissante alliée dans la place. À eux deux, ils finirent par persuader mon maître