Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/377

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t’es tiré d’affaire à peu près convenablement. Le reste me regarde.

Tout en parlant, il tenait la porte ouverte pour laisser passer son fils. Celui-ci fit sa sortie exactement à la manière d’un épagneul qui soupçonnerait la personne qui le surveille de vouloir l’écraser perfidement. Heathcliff referma la porte à clef et s’approcha du feu, devant lequel ma maîtresse et moi nous nous tenions en silence. Catherine leva les yeux et porta instinctivement la main à sa joue : le voisinage de notre hôte ravivait chez elle une pénible sensation. Tout autre eût été incapable de considérer avec rudesse ce geste d’enfant ; mais lui prit un air renfrogné et murmura :

— Ah ! vous n’avez pas peur de moi ? Votre courage est bien dissimulé ; vous avez l’air d’avoir diablement peur !

— J’ai peur maintenant, répliqua-t-elle, parce que, si je reste ici, papa va être très malheureux ; et comment pourrais-je supporter l’idée de le rendre malheureux, quand il… quand il… Mr Heathcliff, laissez-moi rentrer à la maison ! Je promets d’épouser Linton ; cela plaisait à papa ; et je l’aime. Pourquoi voudriez-vous me forcer de faire ce que je ferai volontiers de moi-même ?

— Qu’il ose vous y forcer ! m’écriai-je. Il y a des lois dans ce pays, grâce à Dieu ! Oui, il y en a, bien que nous soyons dans un coin perdu. Fût-il mon propre fils, que je le dénoncerais ; et c’est une félonie sans privilège de clergie17 !

— Silence ! dit le coquin. Au diable vos clameurs ! Je