Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/38

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des convulsions maxillaires. Qui est-ce ? J’ai bien envie de jeter le coupable dehors immédiatement.

— C’est votre servante Zillah, répondis-je, en sautant sur le plancher et remettant rapidement mes vêtements. Je n’y verrais pas d’inconvénient, pour ma part, elle le mérite bien. Je suppose qu’elle a voulu avoir à mes dépens une nouvelle preuve que la pièce est hantée. Eh bien ! elle l’est… elle fourmille de spectres et de fantômes ! Vous avez raison de la tenir fermée, je vous assure. Personne ne vous remerciera de lui avoir procuré un somme dans un antre pareil !

— Que voulez-vous dire et que faites-vous ? Recouchez-vous et finissez votre nuit, puisque vous êtes ici ; mais pour l’amour du ciel, ne recommencez pas cet horrible vacarme, que rien ne saurait excuser, à moins qu’on ne fût en train de vous couper la gorge.

— Si le petit démon était entré par la fenêtre, il est probable qu’elle m’aurait étranglé ! ai-je riposté. Je ne tiens pas à continuer de subir les persécutions de vos hospitaliers ancêtres. Le Révérend Jabes Branderham n’était-il pas votre allié du côté maternel ? Et cette péronnelle, Catherine Linton, ou Earnshaw, ou je ne sais quoi… elle devait être bien sotte… méchante petite âme ! Elle m’a dit qu’elle errait sur la terre depuis vingt ans : juste punition de ses péchés mortels, j’en suis sûr.

Je n’avais pas plus tôt prononcé ces mots que je me suis rappelé l’association, dans le livre, du nom de Heathcliff, à celui de Catherine. Cette particularité, qui était complètement sortie de ma mémoire, venait d’y reparaître soudain. J’ai rougi de ma légèreté. Mais, sans manifester autrement que j’eusse conscience de l’avoir offensé, je me suis hâté d’ajouter : « La vérité est, monsieur, que j’ai passé la première partie de la