Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/390

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assaut à la maison, à la lettre, si la prisonnière ne nous était pas rendue de bon gré. Son père la verrait, j’en faisais et j’en refaisais le serment, quand il faudrait tuer ce démon sur le seuil de sa porte s’il voulait essayer de s’y opposer !

Heureusement, cette expédition et cette peine me furent épargnées. À trois heures, j’étais descendue chercher une cruche d’eau et je traversais le vestibule en la tenant à la main, quand un coup sec frappé à la porte d’entrée me fit tressaillir. « Oh ! c’est Green », me dis-je en me ressaisissant… « ce n’est que Green » ; et je passai, avec l’intention d’envoyer quelqu’un d’autre lui ouvrir. Mais les coups se répétèrent : pas très forts, mais pourtant pressants. Je posai ma cruche au bas de la rampe et courus à la porte pour le faire entrer moi-même. Dehors, la lune de la moisson18 brillait en plein. Ce n’était pas l’attorney. Ma chère petite maîtresse me sauta au cou en sanglotant.

— Hélène ! Hélène ! Papa est-il vivant ?

— Oui, oui, mon ange, il est vivant. Dieu soit loué, vous voici de retour au milieu de nous saine et sauve !

Tout essoufflée qu’elle était, elle voulait courir en haut à la chambre de Mr Linton ; mais je la forçai de s’asseoir sur une chaise, je la fis boire et je lavai son pâle visage auquel je donnai un peu de couleur en le frottant avec mon tablier. Puis je lui dis que je devais monter d’abord et annoncer son arrivée ; je la suppliai de déclarer qu’elle serait heureuse avec le jeune Heathcliff. Elle parut surprise, mais comprenant bientôt pourquoi