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nous coucher, il m’est arrivé de rouvrir ma porte et de trouver Mrs Linton en pleurs, assise en haut de l’escalier : je suis vite rentrée chez moi, craignant de me laisser entraîner à intervenir. J’avais pitié d’elle, à ces moments-là, bien sûr ; pourtant, je ne tenais pas à perdre ma place, vous comprenez.

Enfin, une nuit, elle est entrée hardiment dans ma chambre et m’a épouvantée en disant :

— Avertissez Mr Heathcliff que son fils est mourant… j’en suis sûre, cette fois-ci. Levez-vous à l’instant, et allez l’avertir.

Puis elle disparut. Je restai un quart d’heure à écouter en tremblant. Rien ne bougeait. La maison était calme.

« Elle s’est trompée », pensai-je. « Il s’en est tiré. Ce n’est pas la peine de les déranger. » Et je m’assoupis. Mais mon sommeil fut une seconde fois troublé par un violent coup de sonnette… la seule sonnette que nous ayons, qui a été installée exprès pour Linton. Le maître m’appela pour me prescrire d’aller voir ce qui se passait et leur signifier qu’il ne voulait pas que ce bruit se renouvelât.

Je lui fis la commission de Catherine. Il poussa un juron, sortit au bout de quelques minutes avec une chandelle allumée et se dirigea vers leur chambre. Je le suivis. Mrs Heathcliff était assise à côté du lit, les mains croisées sur ses genoux. Son beau-père s’avança, dirigea la lumière sur la figure de Linton, le regarda et le tâta ; puis il se tourna vers elle.

— Eh bien ! Catherine, dit-il, comment vous sentez-vous ?

Elle resta muette.

— Comment vous sentez-vous, Catherine ? répéta-t-il.