Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/410

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— Taisez-vous ! J’irai dehors, n’importe où, plutôt que d’avoir dans l’oreille votre désagréable voix.

Hareton grommela qu’elle pouvait aller au diable pour ce qu’il s’en souciait. Puis, décrochant son fusil, il ne s’abstint pas plus longtemps de ses occupations dominicales. Il parlait à présent, et assez librement ; elle jugea bientôt convenable de retourner à sa solitude. Mais le temps s’était mis à la gelée et, en dépit de son orgueil, elle fut forcée de condescendre à rester en notre compagnie de plus en plus longtemps. Seulement j’ai pris soin qu’elle n’ait plus à dédaigner mes bonnes intentions : je n’ai plus cessé d’être aussi roide qu’elle. Chez nous, personne ne l’aime, elle ne plaît à personne ; elle ne mérite d’ailleurs pas qu’on l’aime, car, dès qu’on lui dit le moindre mot, elle se renfrogne sans respect pour qui que ce soit ! Elle insulte le maître lui-même, elle va jusqu’à le défier de la frapper ; et plus elle s’attire de châtiments, plus elle devient venimeuse.

Tout d’abord, en écoutant ce récit de Zillah, j’avais résolu de quitter ma place, de prendre une petite maison et de décider Catherine à y venir vivre avec moi. Mais autant eût valu parler à Mr Heathcliff d’installer Hareton dans une maison à lui. Je ne vois d’autre remède, pour le moment, que dans un nouveau mariage ; et c’est là un projet dont la réalisation n’est pas de ma compétence.


Ainsi finit l’histoire de Mrs Dean. En dépit des pronostics du docteur, je reprends rapidement des forces. Bien que nous soyons seulement dans la seconde semaine de janvier, j’ai l’intention de sortir à cheval dans un jour ou deux pour aller jusqu’à Hurle-Vent informer mon propriétaire que je vais passer à Londres les