Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/426

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l’s oreilles du matin au soir, et n’point vous entendre, en tout cas, dit celui qui était dans la cuisine, en réponse à un propos de Nelly qui n’était pas parvenu jusqu’à moi. C’est eune pure honte, qu’je n’puissions ouvrir el Livre sacré sans qu’vous en offriez les gloires à Satan et à toute l’indigne perversité qu’y a jamais eu su’la terre ! Oh ! vous êtes eune vraie prop’à rien ; et elle en est eune autre ; et l’pauvre gars y va être perdu entre vous deux. Pauvre gars ! ajouta-t-il en gémissant ; il est ensorcelé, j’en étions sûr et certain ! Ô Seigneur, jugez-les, car y a point d’loi ni point d’justice en ce monde !

— Non ! sans quoi nous serions assises sur des fagots en flammes, je suppose, répliqua la chanteuse. Mais taisez-vous, vieillard, et lisez votre Bible comme un chrétien, sans vous occuper de moi. C’est Le mariage de la Fée Anne que je chante… un joli air… il donne envie de danser.

Mrs Dean allait recommencer, quand je m’avançai ; elle me reconnut aussitôt et sauta debout en s’écriant :

— Dieu vous bénisse, Mr Lockwood ! Comment avez-vous eu l’idée de revenir ainsi ? Tout est fermé à Thrushcross Grange. Vous auriez dû nous avertir !

— Je me suis arrangé pour m’y installer pendant le peu de temps que j’y resterai ; je repars demain. Mais comment se fait-il que vous soyez transplantée ici, Mrs Dean ? Racontez-moi cela.

— Zillah a quitté la maison et Mr Heathcliff m’a fait venir ici peu après votre départ pour Londres ; je devais y rester jusqu’à votre retour. Mais entrez donc, je vous en prie. Êtes-vous venu à pied de Gimmerton ce soir ?

— De la Grange. Pendant qu’on y prépare ma chambre, je désirerais régler mes comptes avec votre maître, car