Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— J’ai découvert, Hareton, que je désire… que je suis heureuse… que je voudrais que vous fussiez mon cousin, maintenant, si vous n’étiez pas devenu si désagréable et si bourru avec moi.

Hareton ne répondit pas.

— Hareton ! Hareton ! Hareton ! entendez-vous ?

— Allez-vous-en ! grogna-t-il avec une implacable brutalité.

— Laissez-moi prendre cette pipe, dit-elle. Elle avança prudemment la main et la lui retira de la bouche.

Avant qu’il eût pu essayer de la rattraper, la pipe était en morceaux et dans le feu. Il lança un juron et en prit une autre.

— Attendez, reprit-elle, il faut que vous m’écoutiez d’abord, et je ne peux pas parler au milieu de ces nuages qui voltigent dans ma figure.

— Allez au diable ! s’écria-t-il d’un ton féroce, et laissez-moi la paix !

— Non, je n’irai pas. Je ne sais comment m’y prendre pour vous faire parler ; vous êtes déterminé à ne pas comprendre. Quand je vous appelle imbécile, c’est sans conséquence ; cela ne veut pas dire que je vous méprise. Allons, il ne faut pas que vous m’ignoriez, Hareton : vous êtes mon cousin et vous devez me reconnaître pour votre cousine.

— Je ne veux rien avoir à faire avec vous et votre sale orgueil, et vos farces de démon ! J’irai en enfer, corps et âme, plutôt que de regarder encore de votre côté. Allons, écartez-vous de la grille à l’instant !

Catherine fronça le sourcil et se retira vers la fenêtre en se mordant les lèvres ; elle essaya, en fredonnant un air fantasque, de cacher l’envie de pleurer qui la gagnait.