Page:Brontë - Les Hauts de Hurle-Vent, 1946.djvu/49

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— Rude comme un tranchant de scie, dur comme du basalte ! Moins vous aurez affaire à lui, mieux vous vous en trouverez.

— Il doit avoir eu des hauts et des bas dans l’existence pour être devenu si hargneux. Connaissez-vous quelque chose de son histoire ?

— C’est celle du coucou, monsieur. Je la connais tout entière, sauf que j’ignore où il est né, qui étaient ses parents, et comment il a fait sa fortune dans le début. Hareton a été jeté hors de son nid comme un jeune moineau ! Le malheureux garçon est le seul dans toute la paroisse à ne pas se douter de la manière dont il a été frustré.

— Eh bien ! Mrs Dean, ce serait faire œuvre charitable que de me raconter quelque chose de mes voisins. Je sens que je ne dormirai pas si je vais me coucher, ainsi donc, soyez assez aimable pour vous asseoir et bavarder une heure.

— Oh ! certainement, Monsieur. Je vais aller chercher mon ouvrage et je resterai ensuite autant qu’il vous plaira. Mais vous avez pris froid ; je vous ai vu grelotter, et il vous faut un peu de gruau pour chasser le mal.

La digne femme est sortie d’un air affairé et je me suis rapproché du feu ; j’avais la tête brûlante et le reste du corps glacé. De plus, mes nerfs et mon cerveau étaient en proie à une surexcitation voisine de l’égarement. J’en éprouvais, non pas un sentiment de malaise, mais plutôt la crainte (que je ressens encore maintenant) d’effets sérieux consécutifs aux incidents d’aujourd’hui et d’hier. Mrs Dean est revenue bientôt, avec un pot fumant et sa corbeille à ouvrage. Elle a placé le pot sur la grille de la cheminée et rapproché sa chaise, manifestement heureuse de me trouver si sociable.