Page:Brontë - Un amant.djvu/127

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ne servirait d’attendre plus longtemps ce stupide garçon ; bien sûr qu’il sera allé à Gimmerton et qu’il y est à présent. Il croit que nous ne l’aurons pas attendu si tard, ou du moins que M. Hindley reste seul debout ; et il aime mieux éviter de se voir ouvrir la porte par le maitre.

— Non, non, il n’est pas à Gimmerton ! dit Joseph. Je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il est au fond d’une fondrière. Cette visitation céleste n’a pas été sans raison et je vous conseille de prendre garde, miss, ça pourra bien être votre tour la prochaine fois. Remercions Dieu pour toutes choses. Tout travaille ensemble au bien de ceux qui sont choisis. Vous savez ce que dit l’Écriture ! — Et il se mit à citer différents textes, nous renvoyant aux chapitres et aux versets où nous pourrions les trouver.

Après avoir vainement supplié l’obstinée jeune fille de se lever et de retirer ses effets tout mouillés, je me décidai à laisser Joseph prêcher et elle frissonner, et je m’en allai me coucher avec le petit Hareton qui dormit aussi solidement que si tout le monde dormait autour de lui. J’entendis Joseph continuer à lire un moment, puis monter lentement l’échelle, et alors je m’endormis.

Le lendemain, étant descendue un peu plus tard que d’ordinaire, je vis, aux rayons du soleil pénétrant à travers les fentes des volets, Miss Catherine encore assise auprès de la cheminée. La porte de la maison était entr’ouverte, la lumière entrait par ses fenêtres sans volets. Hindley était descendu et se tenait au foyer de la cuisine, hagard et somnolent.

— Qu’est-ce qui vous fait mal, Cathy ? était-il en train de dire au moment où j’entrais. Vous avez l’air aussi misérable qu’un petit chien noyé. Pourquoi êtes-vous si pâle et si abattue, enfant ?

— Je me suis mouillée, répondit-elle avec répugnance, et j’ai froid, voilà tout.