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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/18

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L’heure du travail était passée ; les ouvriers étaient partis, les machines étaient au repos et la fabrique fermée. Malone en fit le tour ; dans un endroit de ses flancs noirs, il trouva une autre porte, en se servant pour cela du bout de son shillelah, avec lequel il battait le tambour. Une clef tourna ; la porte s’ouvrit.

« Est-ce Joe Scott ? Quelle nouvelle des voitures, Joe ?

— Non, c’est moi. Je suis envoyé par M. Helstone.

— Oh ! monsieur Malone ! » La voix, en prononçant ce nom, trahissait la plus légère inflexion possible de désappointement. Après une pause d’un instant, elle continua : « Je vous prie d’entrer, monsieur Malone. Je regrette extrêmement que M. Helstone ait cru nécessaire de vous déranger, il n’y avait aucune nécessité ; je le lui avais dit. Et par une telle nuit ! Mais avançons. »

À travers un sombre appartement dont il était impossible de distinguer l’aspect, Malone suivit son interlocuteur dans une chambre claire et brillante ; très-claire et très-brillante, assurément, elle semblait aux yeux qui s’efforçaient, un instant auparavant, de percer l’obscurité de la nuit et du brouillard ; mais, à l’exception d’un excellent feu et d’une lampe d’un dessin élégant qui brûlait sur la table, le lieu n’avait rien que de très-ordinaire. Aucun tapis ne recouvrait le plancher de bois ; trois ou quatre chaises à dossier, peintes en vert, qui semblaient avoir autrefois meublé la cuisine d’une ferme ; un bureau de forte et solide construction, la table déjà nommée, et, sur les murs couleur de pierre, quelques feuilles encadrées contenant des plans de maisons, de jardins, des dessins de machines, etc., complétaient l’ameublement du lieu.

Tout simple qu’il était, cet ameublement parut satisfaire M. Malone, qui, lorsqu’il eut ôté et suspendu son surtout et son chapeau mouillés, approcha du foyer une des grandes chaises, et plaça ses genoux presque sur les barreaux de la grille rouge.

« Vous avez là un appartement confortable, monsieur Moore, et surtout fort commode pour vous.

— Oui ; mais ma sœur serait bien aise de vous voir, si vous préfériez entrer dans la maison.

— Oh ! non, les dames seront mieux seules. Je n’ai jamais été le favori des dames. Vous ne me confondez pas avec mon ami Sweeting, n’est-ce pas ?