jamais pu vous persuader de m’accompagner ; et la chose a été faite sans effort et sans intention de ma part : cela, je vous l’affirme. Voilà la sonnette qui s’agite ; par ma foi, en voilà deux ! Est-ce qu’ils ne chassent jamais que par couples ? Il y en aura un pour vous, Lina, et vous aurez le choix. J’espère que je suis assez généreuse. Écoutez Tartare ! »
Le chien au poil basané et au noir museau, dont il a été question dans le chapitre où le lecteur a fait la première fois connaissance avec sa maîtresse, donna en ce moment de la voix dans le vestibule, et son aboiement creux retentit d’une manière formidable dans la vaste salle. Un grognement plus terrible que l’aboiement, et menaçant comme le grondement du tonnerre, se fit entendre ensuite.
« Écoutez, s’écria de nouveau Shirley en riant. On dirait le prélude d’un combat sanglant : ils vont être effrayés ; ils ne connaissent pas comme moi le vieux Tartare. Ils ne savent pas que tout ce vacarme n’est que du bruit et une vaine furie, et ne signifie rien. »
On entendit une certaine agitation. « À bas ! monsieur, à bas ! » s’écria une voix haute et impérieuse ; puis on entendit le bruit d’un bâton ou d’un fouet. Un hurlement, une course précipitée, un tumulte effroyable, suivirent.
« Oh ! Malone ! Malone !
— À bas ! à bas ! à bas ! criait la voix.
— Il est réellement capable de les mettre en pièces ! s’écria Shirley. Ils l’ont frappé, et il n’est pas accoutumé à recevoir des coups : il s’en vengera. »
Elle se précipita au dehors : un homme grimpait précipitamment l’escalier de chêne, cherchant en grande hâte un refuge dans la galerie ou dans les chambres. Un autre se tenait fermement adossé au pied de l’escalier, brandissant un bâton noueux et répétant : « À bas ! à bas ! à bas ! » pendant qu’un énorme chien aboyait, hurlant, grondant autour de lui, et qu’une foule de domestiques accouraient de la cuisine. Le chien s’élança : le second gentleman tourna sur les talons et se précipita sur les pas de son compagnon. Le premier était déjà en sûreté dans une chambre, dont il ferma la porte au nez de son camarade, car il n’est rien d’aussi impitoyable que la terreur ; mais le second fugitif poussait vigoureusement, et la porte allait céder à ses efforts.
« Messieurs, leur cria Shirley de sa voix argentine mais