Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/277

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bénédicité fut prononcé par M. Hall et chanté par les enfants : ces jeunes voix retentissant ainsi en plein air étaient mélodieuses et même touchantes. De larges gâteaux et du thé chaud et bien sucré furent distribués avec la plus grande libéralité ; aucune limite n’était posée, pour ce jour du moins ; la règle était que chaque enfant reçût au moins deux fois autant qu’il pouvait manger, afin qu’il lui restât une réserve qu’il pût emporter à la maison pour ceux auxquels l’âge, la maladie ou d’autres empêchements, n’avaient pas permis de venir au festin. Des gâteaux et de la bière circulaient aussi parmi les musiciens et les chantres d’église ; plus tard, les bancs furent enlevés, et tous purent se livrer sans contrainte à leurs jeux.

Une cloche appela les maîtres, les patrons et les patronnesses, dans la salle d’école ; miss Keeldar, miss Helstone et plusieurs autres ladies étaient déjà là, examinant l’arrangement de leurs différents services et de leurs tables. Une grande partie des domestiques femelles du voisinage, avec les femmes des chantres, des clercs et des musiciens, avaient été mises en réquisition pour le service de ce jour ; toutes avaient mis leurs plus frais atours, et, parmi les plus jeunes, il y en avait de fort jolies ; une dizaine étaient occupées à couper le pain et le beurre, une autre dizaine à apporter l’eau prise aux chaudières de la cuisine du recteur. La profusion des fleurs et de la verdure qui décoraient les murs, l’éclat des théières d’argent et de la porcelaine qui couvraient les tables, l’activité qui régnait de toutes parts, les visages joyeux, les toilettes brillantes, tout cela formait un aimable et réjouissant spectacle. Tout le monde parlait, non très-haut, mais joyeusement, et les canaris faisaient entendre dans leurs cages leurs chants les plus aigus.

Caroline, en qualité de nièce du recteur, prit place à l’une des trois premières tables. Mistress Boultby et Marguerite Hall présidaient aux deux autres. C’est à ces tables que devait se placer l’élite de la réunion, les strictes règles de l’égalité n’étant pas plus pratiquées à Briarfield qu’ailleurs. Miss Helstone se débarrassa de son chapeau et de son écharpe, afin d’être moins incommodée par la chaleur ; les longues boucles de ses cheveux, retombant sur son cou, lui tenaient presque lieu de voile, et sa robe de mousseline, d’une coupe modeste si presque semblable à celle d’une religieuse, la dispensait de s’encombrer d’un châle.

La salle se remplissait. M. Hall avait pris son poste à côté de