Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/423

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des occupations sédentaires. Il commença à ravager le bureau de son précepteur pour trouver de la cire ou de la ficelle nécessaire à son travail. Moore était absent : M. Hall était venu le prendre pour faire une longue promenade. Henry ne put trouver immédiatement l’objet de sa recherche : il bouleversa compartiment sur compartiment, et ouvrant enfin un dernier tiroir, il tomba non pas sur une pelote de ficelle ni sur un morceau de cire, mais sur une petite liasse de cahiers aux couvertures marbrées, attachée avec un ruban. Henry regarda cet objet :

« Quelles vieilleries M. Moore conserve dans son bureau ! dit-il ; j’espère qu’il ne conserverait pas si soigneusement mes vieux exercices.

— Qu’est-ce que c’est ?

— De vieux cahiers d’exercices. »

Il jeta la liasse à Caroline. Le paquet lui parut si propre extérieurement, qu’elle voulut en connaître le contenu.

« Si ce sont seulement des cahiers d’exercices, je pense que je puis les ouvrir.

— Oh ! oui, certainement. Le bureau de M. Moore est à moitié le mien ; car il me permet d’y renfermer une foule d’objets, et je vous donne la permission. »

C’étaient des compositions françaises d’une écriture compacte, mais d’une netteté et d’une clarté remarquables. Cette écriture lui était connue, et elle eut à peine besoin de jeter les yeux sur le nom qui se trouvait au bas de chaque thème pour dire à qui elle appartenait. On y lisait : « Shirley Keeldar, Sympson-Grove, » et la date remontait à quatre années auparavant.

Elle relia le paquet, et le tint un instant dans sa main, plongée dans une sorte de méditation. Il lui semblait qu’en ouvrant ce paquet elle eût violé un dépôt.

« Vous voyez, ce sont les exercices de Shirley, dit nonchalamment Henry.

— Est-ce que vous les avez donnés à M. Moore ? Elle les a écrits avec mistress Pryor, je suppose,

— Elle les a écrits dans ma chambre d’étude, à Sympson-Grove, pendant qu’elle y demeurait avec nous. M. Moore lui enseignait le français… c’est sa langue maternelle.

— Je sais… Était-elle une bonne élève, Henry ?

— Elle était un peu sauvage et rieuse, mais j’aimais bien