« Parfaitement convenable ! Très-avantageux ! dit M. Sympson. Un beau domaine libre de toutes charges ; fortune nette ; bonne famille. Il faut que ce mariage se fasse. »
Il manda sa nièce au parloir, s’enferma avec elle, lui communiqua l’offre, donna son opinion et demanda son consentement.
Elle le refusa.
« Non : je n’épouserai pas M. Samuel Fawthrop Wynne.
— Je vous demande pourquoi ? il me faut une raison. Sous tous les rapports, il est plus que digne de vous. »
Elle se tenait debout devant le foyer ; elle était pâle comme la cheminée de marbre et la corniche qui étaient derrière elle ; ses yeux étincelaient, larges, dilatés, sévères.
« Et je vous demande sous quel rapport ce jeune homme est digne de moi ?
— Il a deux fois votre fortune, deux fois plus que vous de sens commun ; sa famille est aussi respectable que la vôtre.
— Eût-il une fortune centuple de la mienne, que je ne ferais pas vœu de l’aimer.
— Veuillez me faire connaître vos objections.
— Il a eu des habitudes de méprisable et vulgaire dérèglement. Acceptez cela comme la première raison qui me le fait mépriser.
— Miss Keeldar, vous me choquez !
— Cette conduite seule l’a plongé dans un gouffre d’incommensurable infériorité. Son intelligence n’atteint pas un niveau que je puisse estimer : voilà une seconde pierre d’achoppement. Ses vues sont étroites, ses sentiments blasés, ses goûts grossiers, ses manières vulgaires.
— Cet homme est respectable et riche. Le refuser est de la présomption de votre part.
— Je refuse net ! cessez de me tourmenter à ce sujet ; je vous le défends !
— Est-ce votre intention de vous marier un jour, ou préférez-vous le célibat ?
— Je vous dénie le droit de m’adresser cette question.
— Puis-je vous demander si vous espérez que quelque homme titré, quelque pair du royaume, demande votre main ?
— Je doute que le titre de pair appartienne jamais à celui auquel je voudrais pouvoir le conférer.
— S’il y avait jamais eu d’exemple d’insanité d’esprit dans