— Consolez-vous, mon oncle. L’Angleterre fût-elle une terre d’esclavage et vous le czar, que vous ne pourriez me contraindre à cet acte. J’écrirai à M. Wynne. Ne vous tourmentez pas davantage à ce sujet. »
Le proverbe dit que la fortune est changeante, et cependant on la voit souvent heurter avec ses chances heureuses plusieurs fois de suite à la même porte. Il paraît que miss Keeldar, ou sa fortune, avaient en ce temps-là fait sensation dans le district, et produit une impression en des endroits où elle ne s’y attendait pas. Rien moins que trois offres suivirent celle de M. Wynne, toutes plus ou moins acceptables. Toutes furent successivement appuyées par son oncle, et successivement refusées par elle. Cependant, parmi les poursuivants, il se trouvait plus d’un gentleman d’un caractère sans reproche et d’une ample fortune. Beaucoup, comme son oncle, se demandèrent qui elle entendait attraper, pour se montrer si insolemment dédaigneuse.
À la fin, les badauds crurent avoir trouvé la clef de sa conduite. Son oncle lui-même s’en crut assuré, et, qui plus est, la découverte lui montra sa nièce sous un point de vue tout nouveau, et il changea en conséquence toute sa conduite vis-à-vis d’elle.
Fieldbead, depuis peu, était devenu trop chaud pour les contenir tous deux : la douce tante ne pouvait plus les réconcilier ; les filles frissonnaient à la vue de leurs querelles : Gertrude et Isabelle murmuraient des heures ensemble dans leur chambre à coucher, et étaient glacées de crainte de se rencontrer seules avec leur audacieuse cousine. Mais, ainsi que je l’ai dit, un changement survint : M. Sympson s’apaisa, et sa famille fut tranquillisée.
Il a été question déjà du village de Nunnely, de sa vieille église, de sa forêt, des ruines de son monastère. Le village possédait aussi son manoir, appelé le prieuré, résidence plus vieille, plus grande, plus seigneuriale que n’en possédait Briarfield ou Whinbury ; et, de plus, il avait aussi son homme titré, son baronnet, ce dont ni Briarfield ni Whinbury ne pouvaient se vanter. Cette possession était depuis bien des années purement