Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/474

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reur, de faiblesse, de précipitation, et c’est le seul expédient qui se présentera d’abord à lui ; personne à la maison n’aura du sang-froid, excepté vous ; promettez-moi de m’assister, de tenir M. Sympson éloigné de moi, de ne pas laisser approcher Henry, de peur que je ne lui fasse du mal. Souvenez-vous que vous devez faire aussi attention à vous ; mais je ne vous ferai pas de mal, je le sais. Fermez la porte aux médecins, mettez-les dehors s’ils entrent. Ne permettez ni au jeune ni au vieux Mac Turck de me toucher du doigt ; ni à M. Graves, leur collègue ; et enfin, si je deviens dangereuse, avec votre propre main administrez-moi un puissant narcotique : une dose de laudanum suffisante pour me faire dormir du dernier sommeil. Promettez-moi de faire cela. »

Moore quitta son bureau, et se permit la récréation de deux ou trois tours à travers la chambre. S’arrêtant derrière la chaise de Shirley, il se pencha sur elle et dit d’une voix creuse et emphatique :

« Je promets tout ce que vous me demandez, sans commentaire, sans réserve.

— Si l’assistance d’une femme est nécessaire, appelez ma femme de charge mistress Gill ; laissez-la m’ensevelir si je meurs. Elle m’est attachée. Elle m’a trompée bien des fois, je lui ai pardonné. Maintenant elle m’aime, et ne me ferait pas tort d’une épingle ; ma confiance l’a rendue dévouée. Aujourd’hui, je puis à la fois compter sur son intégrité, son courage et son affection. Appelez-la ; mais tenez ma tante et mes timides cousines loin de moi. Une fois encore, promettez.

— Je promets.

— C’est très-bien à vous, dit-elle, levant sur lui les yeux comme il se penchait au-dessus d’elle en souriant.

— Est-ce bien ? cela vous console-t-il ?

— Beaucoup.

— Nous serons avec vous, moi et mistress Gill seulement, dans toute extrémité où le calme et la fidélité seront nécessaires. Aucune main précipitée et timide n’interviendra.

— Cependant vous me croyez puérile ?

— Oui.

— Ah ! vous me méprisez.

— Méprisons-nous les enfants ?

— Dans le fait, je ne suis pas si forte, et je n’ai pas de ma force tant d’orgueil qu’on le croit, monsieur Moore ; je ne suis