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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/479

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sonne dans le Yorkshire ne savait mieux que vous pourquoi il avait de la répugnance à revenir. »

Une vive rougeur passa sur le visage de miss Keeldar.

« Écrivez-lui, et pressez-le de hâter son retour, dit-elle. Je sais qu’il n’y avait pas d’inconvénient à prolonger si longtemps son absence : il est bon de laisser chômer la fabrique quand le commerce va si mal. Mais il ne doit pas abandonner le comté.

— Je sais, dit Louis, qu’il eut une entrevue avec vous le soir avant son départ, et je le vis ensuite quitter Fieldhead. Je lus sur son visage, ou j’essayai d’y lire. Il se détourna de moi. Je devinai qu’il serait longtemps absent. Certains jolis doigts effilés ont une merveilleuse habileté pour pulvériser le fragile orgueil d’un homme. Je suppose que Robert a mis trop de confiance dans sa beauté mâle et dans sa noblesse native. Plus heureux sont ceux qui, destitués d’avantages, ne peuvent se bercer d’illusions. Mais je lui écrirai, en lui disant que vous conseillez son retour.

— Ne lui dites pas que je lui conseille de revenir, mais que son retour est prudent. »

Un second coup de sonnette se fit entendre, et miss Keeldar obéit à son appel.




CHAPITRE IV.

Louis Moore.


Louis Moore était accoutumé à une vie tranquille. Homme calme, il l’endurait mieux que beaucoup d’autres ne l’eussent fait : ayant sa tête et son cœur peuplés d’un monde à lui, il tolérait très-patiemment la captivité dans un coin étroit et tranquille du monde réel.

Comme Fieldhead est paisible ce soir ! Miss Keeldar, la famille entière des Sympson, même Henry, tous excepté Moore, sont allés à Nunnely. Sir Philippe a désiré leur visite : il a voulu leur faire faire la connaissance de sa mère et de ses sœurs, qui sont en ce moment au prieuré. Le baronnet, en aimable