Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/60

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« Je suis venue en hâte m’informer comment vous alliez et comment allait Robert. J’étais sûre que vous seriez fort affligés de ce qui est arrivé hier. Je n’ai appris cela que ce matin ; mon oncle me l’a dit à déjeuner.

— Ah ! c’est inouï ! Vous sympathisez avec nous ? Votre oncle sympathise avec nous ?

— Mon oncle est fort irrité ; mais il était avec Robert, je crois ; n’est-il pas vrai, Robert ? Est-ce qu’il ne vous a pas accompagné au marais de Stilbro’ ?

— Oui, nous étions partis dans un attirail passablement guerrier, Caroline ; mais les prisonniers que nous allions délivrer nous ont rencontrés à mi-chemin.

— D’ailleurs, personne n’a été blessé ?

— Non ; Joe Scott a seulement les poignets un peu endoloris pour avoir été liés trop serré derrière son dos.

— Vous n’étiez pas là ? Vous n’étiez pas avec les voitures lorsqu’elles ont été attaquées ?

— Non ; on n’a jamais la bonne fortune d’être présent dans les circonstances auxquelles on désirerait le plus assister.

— Où allez-vous ce matin ? J’ai vu Murgatroyd seller votre cheval dans la cour.

— À Whinbury ; c’est aujourd’hui jour de marché.

— M. Yorke y va aussi ; je l’ai rencontré dans son cabriolet. Revenez-vous-en avec lui.

— Et pourquoi ?

— Deux valent mieux qu’un, et personne ne hait M. Yorke ; au moins, les pauvres ne le détestent pas.

— Alors M. Yorke sera une protection pour moi, qui suis haï ?

— Vous êtes incompris ; c’est probablement le mot. Resterez-vous tard ? rentrera-t-il tard, cousine Hortense ?

— C’est très-probable ; il a souvent beaucoup d’affaires à traiter à Whinbury. Avez-vous apporté votre livre d’exercices, mon enfant ?

— Oui. À quelle heure reviendrez-vous, Robert ?

— Je reviens généralement à sept heures. Désirez-vous que je sois plus tôt à la maison ?

— Tâchez d’être de retour à six heures. Il n’est pas absolument nuit à six heures ; mais à sept heures le jour a tout à fait disparu.

— Et quel danger est à craindre, Caroline, lorsque le jour a