Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/654

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réception me dédommagerait des fatigues du jour. Un monsieur vêtu de noir ouvrit la porte et me fit entrer dans une pièce spacieuse, éclairée par une lampe suspendue au plafond et répandant une lumière ambrée ; il me conduisit ensuite par un corridor vers une chambre qu’il ouvrit et qu’il me dit être la salle d’étude. J’entrai, et je trouvai deux jeunes ladies et deux jeunes gentlemen, mes futurs élèves, supposai-je. Après un salut cérémonieux, l’aînée des filles, qui jouait avec une pièce de canevas et un petit panier contenant des laines allemandes, me demanda si je désirais monter chez moi. Je répondis affirmativement, comme on pense.

« Mathilde, prenez un flambeau et montrez-lui sa chambre, » dit-elle.

Miss Mathilde, une grande fille d’environ quatorze ans, en jupe courte et en pantalon, haussa les épaules et fit une légère grimace, mais prit un flambeau, monta l’escalier devant moi, et me conduisit, à travers un long et étroit corridor, dans une chambre petite, mais assez confortable. Elle me demanda alors si je désirais prendre un peu de thé ou de café. Je fus sur le point de répondre : « Non ; » mais, me souvenant que je n’avais rien pris depuis sept heures du matin, et me sentant faible en conséquence, je dis que je prendrais une tasse de thé. En disant que Brown allait être prévenue, la jeune lady me quitta. Lorsque je me fus débarrassée de mon manteau lourd et mouillé, de mon châle et de mon chapeau, une demoiselle au maintien affecté vint me dire que les jeunes ladies désiraient savoir si je prendrais mon thé en haut ou dans la salle d’étude. Sous prétexte de la fatigue, je répondis que je le prendrais dans ma chambre. Elle sortit, et un instant après revint avec un plateau à thé, qu’elle plaça sur une commode qui servait de table de toilette. Après l’avoir poliment remerciée, je lui demandai à quelle heure on désirait que je fusse levée le matin.

« Les jeunes ladies et gentlemen déjeunent à huit heures et demie, madame, dit-elle ; ils se lèvent de bonne heure, mais comme ils prennent rarement des leçons avant le déjeuner, je crois qu’il sera assez tôt de vous lever à sept heures. »

Je la priai d’avoir la bonté de m’éveiller à sept heures, et elle se retira en me promettant de le faire. Alors je pris une tasse de thé et un peu de pain et de beurre, puis je m’assis auprès du feu et pleurai de bon cœur. Je dis ensuite mes prières, et, me sentant considérablement soulagée, je me disposai à me