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entrâmes à la maison. En montant à ma chambre, je n’avais en moi qu’une pensée ; mon cœur débordait d’un seul désir. Lorsque je fus entrée et que j’eus fermé la porte, je tombai à genoux et offris à Dieu une fervente prière : « Que votre volonté soit faite, mon Père. Mais toutes choses vous sont possibles : faites que ma volonté soit aussi la vôtre. Ce vœu, cette prière, les hommes et les femmes se moqueraient de moi s’ils m’entendaient les faire. Mais, mon Père, vous ne me mépriserez pas, » dis-je ; et je sentis que c’était vrai. Il me semblait que le bonheur d’un autre était au moins aussi ardemment imploré que le mien ; bien plus, que c’était le principal vœu de mon cœur. Je pouvais me tromper, mais cette idée m’encouragea à demander, et me donna la puissance d’espérer que je ne demandais pas en vain. Quant aux primevères, j’en conservai deux dans un verre jusqu’à ce qu’elles fussent complètement desséchées, et la femme de service les jeta. Je plaçai les pétales de l’autre entre les feuillets de ma Bible, où ils sont encore, et où j’ai l’intention de les conserver toujours.




CHAPITRE XIV.

Le recteur.


Le jour suivant, le temps fut aussi beau que la veille. Aussitôt après le déjeuner, miss Mathilde, ayant galopé sans profit à travers quelques leçons, et martyrisé le piano pendant une heure, en colère contre lui et contre moi, parce que sa mère ne voulait pas lui accorder de vacances, s’était rendue à ses endroits de prédilection : la cour, les écuries et le chenil. Miss Murray était sortie pour une calme promenade avec un nouveau roman à la mode pour compagnon, me laissant à la salle d’étude travailler sans relâche à une aquarelle que j’avais promis de faire pour elle, et qu’elle voulait que je finisse ce jour-là.

À mes pieds était un petit chien terrier. C’était la propriété de miss Mathilde ; mais elle détestait cet animal et voulait le vendre, alléguant qu’il était complètement gâté. C’était réelle-