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Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/761

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nières ; elle allait bientôt faire son entrée dans le monde. John et Charles (en ce moment en vacances) étaient de tous points de beaux, hardis, ingouvernables et méchants garçons.

« Et comment vont les autres personnes, demandai-je, les Green, par exemple ?

— Ah ! M. Green a le cœur brisé, vous savez ? répondit-elle avec un sourire langoureux : il n’a pas encore surmonté son désespoir, et ne le surmontera jamais, je pense. Il est condamné à rester garçon, et ses sœurs font de leur mieux pour trouver à se marier.

— Et les Meltham ?

— Oh ! ils continuent à se trémousser comme de coutume, je suppose ; mais je ne sais pas grand’chose d’eux, à l’exception de Harry, dit-elle en soupirant légèrement et en souriant de nouveau. Je l’ai vu beaucoup pendant que nous étions à Londres : car, aussitôt qu’il apprit que nous étions arrivés dans la métropole, il vint sous prétexte de voir son frère, et se mit ou à me suivre comme mon ombre partout où j’allais, ou à me rencontrer à chaque détour de rue. Oh ! ne vous scandalisez pas de cela, miss Grey, j’ai été très-sage, je vous assure ; mais, vous savez, je ne peux pas empêcher que l’on m’admire. Pauvre garçon ! il n’était pas mon seul adorateur, quoiqu’il fût certainement le plus ardent, et, je le crois, le plus dévoué de tous. Et ce détestable…. Lem…. Sir Thomas prit offense de ses poursuites, ou de mes dépenses prodigues, ou de toute autre chose, je ne sais pas exactement de quoi, et m’emmena brusquement et sans m’avertir dans cette campagne, où je dois jouer le rôle d’ermite pendant toute ma vie. »

Elle se mordit la lèvre, et parut adresser un froncement de sourcil vindicatif à ce beau domaine qu’elle avait tant convoité.

« Et M. Hatfield, demandai-je, qu’est-il devenu ? »

Elle reprit son sourire et me répondit avec gaieté :

« Oh ! il fit la cour à une vieille fille et l’épousa quelque temps après ; mettant en balance sa lourde bourse avec ses charmes fanés, et espérant trouver dans l’or le contentement que lui avait refusé l’amour.

— Eh bien ! je crois que voilà tout, excepté pourtant M. Weston : que fait-il ?

— Je n’en sais absolument rien. Il n’est plus à Horton.

— Depuis combien de temps ? et où est-il allé ?

— Je ne sais absolument rien de lui, répondit-elle en bâil-