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LES CORRECTEURS A L’ÉTRANGER
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de relieur et de maroquinier. À la suite, dit-on, d’un accident qui lui survint quelques années après, il acquit les moyens de fonder une imprimerie qui prit une certaine importance, vers 1555, après l’apparition du premier livre imprimé par ses presses, l’Institution d’une Fille noble.

« Plantin, écrit M. Renouard, fut typographe habile, diligent dans les labeurs de son officine, très soucieux de la correction de ses livres, ainsi que de leur bonne exécution[1]… » « Cette dernière constitue véritablement son titre de gloire : choix et variété des caractères, composition irréprochable par l’espacement régulier des mots, heureuse disposition des blancs dans les chapitres et les alinéas ; emploi judicieux et plein de goût des frontispices et culs-de-lampe, etc., qualité excellente du papier ; tout fut par lui mis en œuvre pour produire, des éditions belles, correctes et durables[2]. » — « L’imprimeur d’Anvers ne fut pas un lettré, un érudit au sens complet du mot, comme on l’entendait à cette époque de Juste Lipse, d’Arias Montanus, de Raphelengien, de Kiliaan ; mais il connaissait le latin, le parlait et l’écrivait couramment : la correspondance conservée avec un soin religieux dans les archives du Musée Plantin, à Anvers, le prouve surabondamment ; il lisait le grec, et, s’il ne l’entendait ou le comprenait suffisamment pour indiquer dans ses productions la variante qui convenait, tout au moins eut-il le grand, l’énorme mérite, le talent même, après avoir accueilli et choisi les collaborateurs qui convenaient, de savoir faire faire ce qui convenait. » Grâce à l’aide que lui apportèrent ces lettrés, la valeur des productions de Plantin devint telle qu’il marcha bientôt de pair avec les plus grands imprimeurs, les Estienne et les Alde.

Au milieu d’autres ouvrages — livres saints, missels, bréviaires, travaux de littérature hébraïque, grecque et latine — la Bibliothèque Plantin conserve soigneusement l’exemplaire de la fameuse Bible polyglotte, qui porte les notes et les corrections d’Arias Montanus[3].

  1. Annales de l’imprimerie Estienne, 1843, p. 122, col. 1.
  2. L. Degeorge, la Maison Plantin à Anvers, 3e éd., 1886, p. 128.
  3. Bencdict Arias Montanus (1527-1598) doit son surnom aux montagnes au milieu desquelles il vit le jour, Frexénal de la Sierra en Estramadure. Après avoir étudié à Séville et à Alcala, il se retira à l’âge de vingt-cinq ans environ au milieu des monts de Aracena pour se consacrer entièrement à l’acquisition d’une érudition remarquable. En 1560, il s’enrôle dans l’Ordre de Santiago, l’une de ces congrégations militaires auxquelles l’Espagne doit d’avoir pu secouer le joug des Maures infidèles. En 1563, sur les instances de l’évêque de Ségovie, Arias Montanus assiste aux délibé-