Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/132

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Pas n’est besoin dès lors d’une plus longue dissertation pour fournir la preuve incontestable que le correcteur devait être et était, lui aussi, aux temps dont nous avons parlé, érudit et typographe.

Érudit, le correcteur l’était avec ce « Nicolas Dixmont, maître correcteur d’imprimerie qui, le 4 novembre 1585, assiste et signe, nous dit M. Renouard[1], au contrat de mariage de Raoullin Thierry, maître imprimeur rue Saint-Jacques, au Soleil d’Or » ; il l’était aussi avec ce « Jacques David, prêtre, correcteur d’imprimerie, qui, le 20 juin 1564, dicte un testament dont son frère, maître imprimeur, est l’un des exécuteurs testamentaires » ; il l’était encore avec ce Me Mamer Patisson, « correcteur d’imprimerie, dont le contrat de mariage avec Denyse Barbé, veuve de Robert II Estienne, est passé le 20 janvier 1574 » ; il l’était avec toute cette lignée de correcteurs parisiens, lyonnais, champenois ou autres, dont nous avons donné ou dont nous donnerons ultérieurement une courte biographie ; il l’était enfin avec « ces conseillers d’État, ces prieurs, ces greffiers, ces chanoines, ces notaires garde-notes » dont les archives de l’ancienne Communauté des Maîtres du Livre nous ont transmis et les noms et les contrats d’apprentissage, ainsi qu’avec ces gentilshommes dont parlent les compagnons dans leur Mémoire de Remontrances de 1572 ; il devait l’être, puisque le maître, érudit lui aussi, était tenu d’avoir, pour le suppléer aux soins de la correction, « correcteur suffisant ».

Typographe, le correcteur le devenait au cours d’un apprentissage, que nous voulons croire effectif, de trois à quatre années, peut-être moins, et surtout par un stage de compagnonnage de quelque durée. Ils étaient bien typographes ces correcteurs que l’histoire nous dit être devenus — tels Josse Bade — maîtres imprimeurs soit à Paris, soit à Lyon ; il était bien typographe, ce Kiliaan[2], qui fut un moment prote chez Plantin à Anvers ; il était typographe ce clerc nommé André Saulnier qui, le 8 juin 1548, s’affermait « au faict et art de la composition et correction de l’imprimerie[3] » chez Macé Bonhomme, imprimeur à Lyon de 1535 à 1540 et (après un séjour à Vienne, en 1541-1542) de 1542 à 1569.

Est-il nécessaire d’illustrer d’un exemple nouveau cette longue

  1. Voir, à ce sujet, Documents sur les imprimeurs, libraires, etc., de 1450 à 1600.
  2. Voir pages 84 et 502.
  3. Voir page 171.