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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/243

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SES DEVOIRS
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Quant à Voltaire, il les dépasse tous sous ce rapport : sotise, reconu nourir, afaire, chatau, potau, fardau sont ses moindres peccadilles orthographiques courantes ; il estropiait jusqu’aux noms de ses meilleurs amis, Diderot, par exemple, qu’il écrivait Didrot[1]. » « Dans la célèbre lettre qu’il eut l’audace de signer Voltaire, chambellan du roi de Prusse, on lit les mots suivants écrits de la sorte : nouvau, touttes, souhaitte, baucoup, ramaux, le fonds de mon cœur, Adidote, crétien ; tous les verbes sont sans distinction du présent ou du subjonctif ; a préposition est écrit comme a verbe[2]. »

« Peut-être objectera-t-on que les personnalités dont on vient de lire les noms avaient le cerveau assez bien meublé pour dédaigner ce qui fait la seule qualité littéraire de l’épicier du coin, et que le diamant a toujours sa valeur en dépit de la gangue. Mais, si Voltaire avait son orthographe à lui, il n’était pas le seul : de son temps l’on disait dans le monde des lettres « l’orthographe de Dubois, de Meigret, de Pelletier, de Ramus, de Rambaud, de Lesclache, de Lartigaut, de l’abbé de Saint-Pierre, de M. de Marsais, de M. Duclos, « de M. de Voltaire. »

« On peut reconnaître également que, si les manuscrits de Bossuet, de La Fontaine, de Racine, de Voltaire fourmillent d’erreurs orthographiques, il en est tout autrement dans leurs impressions, dont, à ce point de vue, la pureté et la beauté ne le cèdent à aucun autre travail. »

Mais de cette beauté, de cette pureté qui doit-on féliciter, à qui doit en revenir tout le mérite, sinon à l’imprimeur ou au… correcteur ?

M. Auguste Bernard, un correcteur devenu inspecteur général de l’Enseignement au Ministère de l’Instruction publique, ne craignait point de dire à ce sujet son sentiment. En 1868, il écrivait à M. A. Firmin-Didot :

Cher et honoré Maître,

« Mon ami Scott m’a remis de votre part vos Observations sur l’Orthographe française. Agréez mes remerciements pour ce nouveau cadeau. Rien ne pouvait m’être plus agréable que cet intéressant

  1. Éphémérides Lorilleux.
  2. A.-T. Breton, Physiologie du Correcteur d’imprimerie, p. 33.