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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

avec différents signes usités dans l’imprimerie, les fautes que le compositeur a faites dans l’arrangement des caractères[1]. »

Le prote-correcteur qui rédigea l’article Imprimerie de l’Encyclopédie — et qui peut-être écrivit également les lignes précédentes — fut, cela est certain, pour Diderot et d’Alembert, un collaborateur précieux et apprécié. On ne peut supposer qu’il ait délibérément songé à diminuer l’importance de ses fonctions. Cependant le rôle qu’il impartit à la correction est exclusivement technique : « marquer les fautes faites dans l’arrangement des caractères ». Par une distraction impardonnable, mais fort commune toutefois chez ses pareils, cet auteur technicien omet de mettre en vedette une partie, non la moins belle et la moins utile, de sa charge ; il n’envisage qu’une fraction de la question ; une épreuve, quelle qu’elle soit, peut cependant comporter des erreurs autres que des fautes d’impression, erreurs non moins préjudiciables et qu’il importe avec non moins de nécessité « de corriger, de redresser ».

Littré, dans son Dictionnaire de la Langue française, serre la question de plus près : « La correction des épreuves, en terme d’imprimerie, est l’action d’indiquer les fautes de composition ou les changements à faire au texte avant le tirage. »

Cette définition envisage sous un double aspect le rôle dévolu à la correction : typographique, lorsqu’elle « indique les fautes de composition » ; littéraire, lorsqu’elle signale « les changements à faire au texte avant le tirage ».

Mais Littré ne semble point avoir songé qu’il était nécessaire d’établir une démarcation très nette entre l’écrivain qui revise les épreuves de son travail et le technicien qui assure la reproduction fidèle du manuscrit ou améliore cette reproduction[2] : à son sens, tous deux, dont les efforts tendent à un but unique, la pureté du texte, « font de la correction ». Ainsi « le premier pédagogue venu pourrait, avec l’aide d’une scrupuleuse attention, corriger une épreuve en la châtiant au

  1. Presque dans des termes analogues, M. Jean Dumont écrit : « Le correcteur lit les épreuves et indique au moyen de signes toutes les fautes qui se sont glissées dans la composition. » (Jean Dumont, Vade-Mecum du Typographe, 2e éd., 1884.)
  2. « La meilleure édition est donc celle qui présente une entière conformité avec le modèle dont elle est la reproduction, et qu’en outre elle a su dégager des fautes évidentes qu’il pouvait contenir. » (H. Fournier, Traité de la Typographie, p. 231.)