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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/405

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LECTURE EN PREMIÈRES
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rences, ne peut « lire au pouce » ; le teneur de copie est indispensable. Mais alors ce teneur de copie n’est plus un compositeur infirme, un enfant, un vague lecteur qui ânonne péniblement un texte auquel il ne comprend le moindre mot ; c’est un lettré, un érudit, un typographe intelligent, jeune, actif ; bien mieux même parfois, ce n’est plus un aide, mais un autre correcteur qui apporte à un collègue le concours de ses connaissances.

Tout au moins est-ce ainsi que prétend l’entendre le Syndicat des Correcteurs et Aides-Correcteurs de Paris, devenu simplement le Syndicat des Correcteurs de Paris et de la Région parisienne : « Il ne doit point y avoir, dans notre Syndicat, de privilégiés : des correcteurs et des sous-correcteurs, des maîtres et des aides. Nous marquons, en supprimant définitivement de notre titre tout souvenir du teneur de copie, que nous désirons voir cette fonction devenir de plus en plus rare. Les correcteurs s’aideront entre eux, se tiendront la copie quand ils le jugeront nécessaire, mais nous n’aurons plus ces salaires de famine donnés à des confrères qui, souvent, ont seulement le manque de chance de n’avoir pas une place de correcteur. Toutefois, si nous voulons voir la fin d’une inégalité choquante, nous ne supprimons pas l’emploi ; il aura encore, pendant un certain temps, son utilité pour des confrères qui, par convenances personnelles, préfèrent aider leurs camarades plutôt que d’être eux-mêmes correcteurs[1]. »

Les fonctions de teneur de copie ne sont point, comme certains pourraient le croire, une création de notre époque. Elles existaient déjà au xvie siècle. Le 1er juin 1580, Olivier van den Eynde ou a Fine entrait à l’imprimerie du célèbre Plantin d’Anvers. Aux termes de son contrat que M. Max Rooses résume succinctement, « van den Eynde s’engageait à servir d’aide aux correcteurs — tel est bien assurément le rôle du teneur de copie, de l’aide-correcteur actuel, — à faire des copies, des tables des matières, etc., pendant quatre ans ».

Sans doute, cette fonction d’aide-correcteur, plus ou moins instruit, plus ou moins aide, se conserva aux siècles suivants. Nous en retrouvons en effet la mention au xviiie siècle, à l’article Imprimerie de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : « Le prote déploie l’épreuve

  1. Rapport de la Commission de revision des Statuts (Bulletin du 30 mars 1919, p. 5).