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III. — Comment juger la valeur d’un correcteur[1].


Il en est, dans le monde des typographes, qui considèrent comme un mythe les difficultés dont le correcteur se plaint parfois. Ceux-là s’imaginent aisément que le manque de science est la cause primordiale de ces ennuis.

Cependant, le fait est incontestable, quel que soit l’entourage au milieu duquel le correcteur est appelé à vivre, quels que soient les talents dont il fait preuve, il sera certainement un jour ou l’autre aux prises avec des difficultés. Ces difficultés sont fort nombreuses ; elles proviennent surtout du manuscrit, dans son sujet, dans sa rédaction et dans son écriture ; elles sont dues aussi à l’auteur, en raison de ses exigences orthographiques ou techniques ; enfin, elles émanent également — et nous avons quelque peine à l’avouer — du compositeur, du prote et du patron lui-même. Vouloir juger la valeur d’un correcteur sans envisager ces différents éléments, c’est omettre de faire entrer en ligne de compte une fraction, et certes non la moins importante, des qualités exigées d’un correcteur typographe.


A. — Le correcteur jugé d’après le manuscrit


Le manuscrit peut être un facteur de succès aussi bien que d’insuccès pour le correcteur. Vouloir connaître et prétendre arriver à connaître la valeur d’un correcteur par l’examen comparé de deux premières lectures de manuscrits différents est un très mauvais procédé.

Il est des manuscrits difficiles à déchiffrer[2], dans la collation des-

  1. Voir des considérations analogues dans la Circulaire des Protes, années 1911 et suiv. (O. Campens, A. Thémisto, Aristarque, Théophraste, M. Dumont, Matrignat, Marsillac, etc.).
  2. Voir également, page 197 : le Correcteur et le Manuscrit.