Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est particulièrement dans les annonces, dans les mises en vente des fonds de commerce, dans les cessions d’établissements, et surtout dans maintes réclames charlatanesques, que les néologismes, les expressions les plus inattendues se font jour ; les rédactions fantaisistes, les termes de terroir, l’argot de métier envahissent le style et s’imposent : Une charcuterie « fait » un porc par semaine, tel un apache au coin d’une rue « fait un pante » ; Un restaurateur réputé énumère soigneusement les hors-d’œuvres qui peuvent flatter le goût de sa clientèle. Sous prétexte que « cela se dit », se dactylographie sur un menu, un correcteur ne doit point « rouspéter », sans quoi on le « boucle » de suite, en lui rétorquant qu’il n’est point à la hauteur.

Peut-on juger la valeur d’un correcteur sur une telle littérature ? Peut-on, au point de vue typographique, à un correcteur opposer un tel auteur ?


C. — Le correcteur jugé d’après ses relations avec le personnel


Un point sur lequel on s’appuie parfois pour juger le correcteur est le suivant : le correcteur est-il estimé du typographe ou en est-il détesté ?

Le correcteur modèle, celui à qui rien n’échappe, est redouté du compositeur, prétendent certains ; et maint état-major de Maison n’hésite point à dire que tel correcteur est « détesté », précisément parce que bon correcteur.

Erreur grossière, qu’il importe de dissiper.

La qualité de la correction ne saurait se mesurer à la quantité d’encre qu’il plaît à un « chasseur de coquilles » d’épandre à la surface du papier. Les traits, les flèches, les portées, les zigs-zags qui émaillent une épreuve ne sont point le critérium incontestable d’un texte épuré. Du « tas de copeaux » qui jonchent les marges il est présomptueux et prématuré de conclure que la surface à raboter était fort rugueuse, ou que ses aspérités sont entièrement disparues.