Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/545

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qualifiés de chaque catégorie (composition, presses, clicherie, reliure) était également, dans l’industrie privée, de 2 fr. 50[1].

À cette date encore, le salaire maximum annuel d’un correcteur de l’Imprimerie Nationale variait, suivant les catégories, de 7.000 à 10.000 francs ; celui d’un sous-prote atteignait, d’après sa classe, le chiffre de 7.500 à 11.000 francs ; alors que la rémunération des correcteurs principaux allait de 8.000 à 12.000 francs.

Nous ne nous arrêterons point à discuter le bien-fondé d’une attitude qui place l’ouvrier intellectuel-manuel dans une situation inférieure à celle du travailleur exclusivement manuel.

Alors que le correcteur, outre ses connaissances littéraires, doit acquérir toutes les notions typographiques indispensables au sous-prote, ce dernier n’est nullement tenu d’augmenter le bagage scolaire possédé au terme de ses classes élémentaires : il est cependant — injustice des choses ! — plus considéré, mieux payé. On ne saurait s’étonner dès lors de voir le lecteur d’épreuves ravalé à un niveau plus inférieur encore : alors que son collègue le correcteur essaye vainement de se hausser au niveau d’un chef subalterne, le lecteur d’épreuves est au plus l’égal du simple compositeur, du fondeur, du clicheur, du relieur.

Voilà bien le nivellement égalitaire dont une école récente de prétendus économistes entend faire le but de ses bruyantes réclamations ! Mais que le lecteur d’épreuves employé national, que le correcteur civil prenne garde : s’il ne résiste, s’il ne s’arc-boute sur la pente dangereuse sur laquelle tente de l’entraîner ou entend le laisser se briser une minorité tapageuse, bientôt il ne sera plus que l’inférieur du typographe, du conducteur, du galvanoplaste, et à peine l’égal du « préposé à l’entretien du bâtiment ».


b. — À l’Étranger


Quelle était avant 1914 la situation d’un correcteur dans les pays voisins de la France ?

  1. Nous disons « salaire horaire de base », sans nous préoccuper de l’indemnité dite de « vie chère », dont le taux fort variable était encore, en juin 1923, de 0 fr. 90 par heure de travail pour les catégories envisagées ici.