Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/576

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transmis à l’Union des Maîtres Imprimeurs de France pour demander que le salaire minimum des correcteurs soit supérieur de 10 0/0 au salaire syndical régional des compositeurs. »

Transmis au Président de l’Union des Maîtres Imprimeurs, ce vœu faisait, le 20 décembre 1920, au cours de la séance du Comité central, l’objet d’un débat, dont nous tenons à rapporter les points suivants, d’après le compte rendu officiel :

M. le Président. — Messieurs — comme vous venez de l’entendre — les correcteurs nous demandent d’établir pour eux un salaire de base minimum, salaire supérieur de 10 0/0 à celui des typographes, et se recommandent à notre bienveillance.
xxxx Cette bienveillance leur est acquise, ils n’en peuvent douter. Il vous appartient de décider si une sorte d’unification peut être faite. Le correcteur « en bon » doit posséder de nombreuses et importantes qualités ; son instruction générale doit être très étendue et il doit avoir de sérieuses connaissances typographiques. Il est alors un collaborateur de premier ordre qui est en droit de réclamer une situation sérieuse en rapport avec les services qu’il est appelé à rendre. Il y a aussi le correcteur « en premières » qui ne fait qu’un travail typographique technique, qui vérifie uniquement si le compositeur a bien suivi la copie, s’il n’a pas mis des lettres de corps étranger. Estimez-vous que ce poste de « correcteur » lui donne formellement droit à 10 0/0 de plus qu’aux typographes ?
xxxx M. M…… — En principe, les correcteurs sont payés au tarif des typographes, les protes sont payés davantage ; mais, en fait, dans la plupart des imprimeries, les correcteurs capables jouissent au moins de l’avantage qui nous est demandé comme un engagement général.
xxxx M. L.… — À l’ouvrier qualifié on demande un minimum de travail, ce qui ne peut être spécifié pour un correcteur en première.
xxxx M. M.… — Il y a des correcteurs qui ne connaissent même pas les règles de la grammaire typographique. Une règle rigide ne peut, me semble-t-il, être admise.
xxxx M. H.… — Les correcteurs, parfois, ont été payés moins cher que des typos, justement à cause de leur inexpérience en typographie. Une base fixe supérieure à celle des typos ne paraît pas équitable.
xxxx M. D.… — Ne croyez-vous pas qu’une conversation avec le président de ce syndicat [la Société amicale des Protes et Correcteurs de France] serait préférable à une réponse par lettre ?…

Il serait cruel d’insister. À ces aveugles volontaires qui, systématiquement ou par ignorance, affectent de mépriser le correcteur, ses connaissances, les services qu’il rend, et dédaignent de satisfaire à ses aspirations légitimes, nous souhaiterions volontiers un poste de correcteur — en premières ou en bon, la chose importe peu ! — et…